LETTRE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
ASSOCIATION DES FAMILLES DES VICTIMES DU 26 MARS 1962
EXTRAITS DE LA LETTRE ADRESSEE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Le 17 octobre 2012
Monsieur François HOLLANDE
Président de la République
Palais de l’Élysée
55 rue du Faubourg Saint Honoré
75008 PARIS
Vous reconnaissez aujourd’hui la responsabilité de la République française dans la sanglante répression des manifestations d’algériens le 17 octobre 1961 à Paris.
L’association des familles des victimes du 26 mars 1962 vous demande d’en faire tout autant envers celles et ceux qui sont tombés lors de la manifestation pacifique à Alger le 26 mars 1962.
Deux manifestations, deux répressions sanglantes, mais avec une différence de taille.
Le 17 octobre 1961, les manifestants, répondant à l’appel du FLN alors en guerre contre la France, bravaient le couvre-feu. A 21 heures, ils défilaient dans les rues de notre capitale aux cris de « Algérie algérienne », « Libérez Ben Bella », « Levez le couvre-feu », « Vive le F.L.N »…
Le 26 mars 1962, quelques jours après le cessez-le-feu , des Français défilaient en plein jour dans les rues de la deuxième ville de France, le drapeau tricolore à la main, chantant la Marseillaise et clamant leur attachement à la France.
Le préfet n’avait hélas pas jugé utile d’instaurer un couvre-feu.
Les conséquences en ont été tragiques. Cette manifestation pacifique fut réprimée dans le sang, à l’arme lourde. Les militaires ouvrirent le feu sans sommation, vidant leurs chargeurs avec acharnement dans le dos des Algérois, abattant ceux qui s’étaient jetés à terre. Une véritable boucherie… Un crime inexpiable a été commis ce jour-là.
Aussi, Monsieur le Président de la République française, nous nous vous demandons d’honorer ces Français massacrés le 26 mars 1962 rue d’Isly et de reconnaitre publiquement la responsabilité du gouvernement de l’époque dans ce massacre.
Nous, Familles de Victimes, ne pourrions comprendre que nos morts soient ignorés, parce que Français sur une terre française, et que ce drame soit gommé de l’histoire de notre Pays.
Nous souhaitons également que la proposition de loi qui devrait être votée le 25 octobre prochain au sénat, visant à instaurer le 19 mars 1962 comme jour de recueillement pour la fin de la guerre d’Algérie soit retirée. Comment la Nation pourrait-elle se recueillir à cette date alors que des soldats français, une semaine après le cessez-le-feu du 19 mars, tiraient sur d’autres Français ?
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre haute considération.
Les Familles :
Berthon - Le Liepvre (nièce de Pauline Hugues victime fusillade du 26 mars 1962 )
Ferrandis (Mmes) (sœurs de Renée Ferrandis victime fusillade du 26 mars 1962)
Gerby (Mrs) (neveux de Fernand Gerby victime fusillade du 26 mars 1962)
Mesquida (Mmes) (filles de Jeanine Mesquida victime fusillade du 26 mars 1962)
Puigserver (M) (fils de Domingo Puigserver victime fusillade du 26 mars 1962)
Van den Broeck (MM) (fils de Georges Van den Broeck victime de la fusillade du 26 mars 1962)
REPONSE
Messieurs et Mesdames les membres de l'Association des Familles des Victimes du 26 mars 1962.
95320 SAINT-LEU-LA-FORÊT
Paris, le 29 NOVEMBRE 2012
Mesdames, Messieurs,
Le Chef de l’État a pris connaissance avec attention de la correspondance que vous avez souhaité lui faire parvenir, s'agissant de la mémoire de la guerre d'Algérie.
Comme vous le savez, à l'initiative du Parlement, une loi relative à la reconnaissance du 19 mars comme journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc a été adoptée le 8 novembre dernier.
Le Président de la République m'a confié le soin de vous assurer que cette proposition de loi, pour laquelle le Gouvernement s'en est remis à la sagesse du Parlement, ne revêt aucun caractère polémique, n'a pas pour effet d'abroger la date du 5 décembre, et ne saurait en aucun cas occulter le souvenir des drames survenus au lendemain du cessez-le-feu proclamé le 19 mars 1962.
De plus, le 25 septembre 2012, le Président de la République a officiellement reconnu la faute et la responsabilité de la France dans l'abandon des rapatriés et des Harkis ainsi que le traitement indigne de ceux qui ont été accueillis sur le sol français. Il a également réaffirmé sa volonté d'ouvrir les archives.
Le ministre délégué aux anciens combattants a, quant à lui, annoncé la création d'un site internet dédié à la mémoire et à l'histoire des Harkis. Il a aussi été chargé de préparer la réforme de la Mission interministérielle aux rapatriés afin que les familles puissent bénéficier d'une instance administrative encore mieux à même de répondre à leurs difficultés et à leurs attentes spécifiques.
Soyez assurés que le Gouvernement est pleinement mobilisé afin d'accorder à l'histoire et à la mémoire de la guerre d 'Algérie sa juste place au sein de notre société et de notre nation.
Concernant vos réflexions relatives au souvenir des victimes de la fusillade du 26 mars 1962, je n'ai pas manqué de signaler votre courrier à Monsieur Kader ARIF, ministre délégué auprès du ministre de la défense, chargé des anciens combattants, en lui demandant qu'il vous tienne directement informés de la suite qui pourra être réservée à votre démarche.
Je vous prie d'agréer, Mesdames, Messieurs, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Référence à rappeler PDR/SCP/E&AIA088819
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